Drugeac et les carrières ou une histoire d'amour durable !!!

Publié le par Bastide Grégory

Drugeac et les carrières : Une vieille histoire

 

                                                                        

 

 

Pas question ici de relancer de vaines polémiques !!! Il y a prescription puisque cette histoire de carrière date de la fin du XIXe siècle. En effet en 1876 les discussions vont bon train dans le petit village du Cantal : « Un drame est arrivé sur le chantier de la carrière ».

En ce siècle de grande misère ouvrière, les accidents du travail sont nombreux et le village de Drugeac ne se trouve pas épargné par ces nombreuses tragédies qui accompagnent le développement du système capitaliste.

Ainsi une correspondance entre le sous préfet de Mauriac et le Préfet du Cantal1 datée du 09 septembre 1876, nous relate la « mort accidentelle d'un homme écrasé par un éboulement dans une carrière de pierre à Drugeac »2malheureusement le document n'est pas plus précis sur la localisation précise de la carrière, ni sur l'entreprise propriétaire.

Néanmoins malgré cette lacune le document met en avant le flou juridique autour de l'exploitation des carrières. Ce flou est grandement perceptible dans les propos que tient le fonctionnaire de la sous Préfecture à son supérieur. Il vient chercher auprès du Préfet des réponses qui mettent dans la balance, d'une part un projet à caractère privé ( l'exploitation de la carrière) et la responsabilité du maire ( préserver l'intérêt général ).Ce questionnement se retrouve précisément dans la première phrase du deuxième paragraphe du document où le sous préfet de Mauriac avoue son ignorance à son supérieur : « Je me suis posé à ce sujet la question de savoir si l'autorité municipale avait le droit d'interdire momentanément l'exploitation d'une carrière ». Ici on touche à des sujets brulants que l'on a retrouvé dans le débat qui agite la commune de Drugeac, débat qui glisse entre les notions de propriétés privés et d'intérêt général.

Ce qui diffère dans ce cas précis de notre exemple contemporain est bien la dangerosité avérée de la dite carrière. En effet le procès verbal de Gendarmerie dressé pour constater la mort de l'ouvrier fait état « de choses qui pourraient amener d'autres accidents de la même nature ». Ainsi le sous préfet semble chercher l'approbation du préfet pour pouvoir donner carte blanche au maire pour cette carrière « qui présente un danger évident pour la sureté des ouvriers ».

Cette source historique présente bien des intérêts si l'on se donne la peine de la faire parler.

D'une part elle peut être vue comme une illustration pertinente de la grande misère ouvrière du siècle des révolutions, avec son lot de catastrophes humaines. D'autre part elle met en avant le flou juridique autour de l'exploitation des carrières, flou juridique que les opposants d'A.R.C.A.D.A ont bien mis en avant lors du débat autour de la carrière d'extraction d'argile d'Apcher. Enfin, plus largement, cet exemple a le mérite de soulever un autre débat tout aussi contemporain en soulignant le difficile équilibre entre projet à caractère privé et nécessité pour les représentants des administrés de la commune de faire prévaloir l'intérêt général.

Ainsi même si l'Histoire ne se répète pas, nous voyons bien comment les mêmes questions peuvent revenir dans le débat politique communal 150 ans plus tard.

 

1Lettre du sous préfet de Mauriac à Monsieur le Préfet du Cantal datée du 09 septembre 1876. Archives départementrales du Cantal, 2 O 63/ 2

2Citation directement extraite de la correspondance entre le sous préfet de Mauriac et le Préfet du département.

 

 

Publié dans Histoire du Cantal

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T
J'étais resté une semaine à Drugeac, dans un gîte, l'été 2014.
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